Prima donna Elina Garanča, hissée au Zénith de la gloire des étoiles du bel canto dans la Métropolitain Opéra de New York avec l’opéra LA CENERENTOLA de Gioacchino Rossini
Prima donna Elina Garanča, hissée au Zénith de la gloire des étoiles du bel canto dans la Métropolitain Opéra de New York avec l’opéra LA CENERENTOLA de Gioacchino Rossini le 9 mai 2009. (DVD ou téléchargement sous-titré).
[Analyse détaillée et savante par des musicologues de l’édition AVANT SCENE OPERA Paris, www.asopera.fr].
Le compositeur italien Gioacchino Rossini pour son opéra La Cenerentola, La Cendrillon au cœur pur, s’est inspiré du conte de fée pour enfants de Charles Perrault. Issue d’un premier mariage, la deuxième femme du père avilissait sa gentille belle-fille Cendrillon en servante, gâtait ses deux propres filles au mauvais caractère semblable au sien. L’odieuse mère fait participer ses deux préférés au bal d’un jeune prince, fils du roi, à la recherche dans le pays d’une digne épouse.
La marraine bienveillante de Cendrillon, une sorcière, par la magie l’a fait entrer à deux reprises dans le bal doté du magnifique apparat d’une princesse. Mais le charme de la magie ne tenait que jusqu’à minuit, l’avertissait la marraine. Dans la fuite précipitée tout juste à minuit, Cendrillon paniquée a perdu au bal une de ses pantoufles devant le prince émerveillé de son éblouissante beauté. Cette pantoufle lui servait ensuite de reconnaître le féerique mirage apparue au bal, son amour. Ses recherches aboutissaient aux deux sœurs prétentieuses d’une laide vulgarité et ensuite à leur attirante servante Cendrillon dans des haillons.
Pour régaler les mélomanes aimant de rire de la naïveté de ce conte de fée pastiché, l’adaptation magnifique en une comédie musicale, le scénario du roman a été modifié par Rossini et son librettiste Jacopo Ferretti. Le scénario vraiment original au Met de New York, produisant des plus talentueux chanteurs et chanteuse du top mondial, du mélange de l’opéra bouffe et du mélodrame d’amour, est un régal pour l’ouïe et pour la vue dont les petits enfants et les enfants devenus grands, aiment de jouir de l’instant inoubliable et de s’en réjouir.
DON RAMIRO, prince de Salterne : Lawerence BROWNLEE, ténor du bel canto.
DANDINI, son valet : Simone ALBERGNINI, baryton.
DON MAGNIFICO, Baron de Montefiasone : Alessandro CORBELLI, baryton-bouffe.
CLORINDA, sa fille ainée, Rachelle DURKIN, soprano en rôle bouffe.
THSIBE, sa fille cadette, Patricia RISLEY, mezzo-soprano en rôle bouffe.
ANGELINA la belle-fille dite CENDRION, Elina GARANČA, mezzo-soprano.
ALIDORO, philosophe, précepteur de Don Ramiro : John REYEA, basse-baryton.
Dans le conte de fée de Perrault, le rôle de la belle-mère odieuse est attribué par Rossini au baron odieux Don Magnifico, l’odieux beau-père ruiné, vivant dispendieusement en aristocrate et affectant un hilarant maniérisme présomptueux. L’imposteur a dilapidé la dot léguée à sa belle-fille Angelina par son père inconnu et par sa mère décédée après la naissance des deux autres filles Clorinda et Tisbe, deux stupides damoiselles vaniteuses et jalouses. Pour faire vivre dans l’opulence ses deux damoiselles chéries, le baron Don Magnifico a avilie l’ingénue Angélina d’un charme naïf et d’une candide pureté d’âme, la fagotant en haillons d’un vilain souillon reléguée méchamment dans la sordidité. La malheureuse demi-sœur Angelina, surnommée dorénavant Cendrillon, est campée par Perrault et aussi par Rossini dans des cendres auprès de l’âtre de la cheminée, en servante épuisée dans des corvées les plus avilissantes.
Le rôle de la marraine, de la sorcière bienveillante dans le conte de fée de Perrault, sur la scène lyrique est attribué par Rossini à Alidoro, à cet amusant conseiller, philosophe et précepteur du jeune prince Don Ramiro. Meneur mystérieux du jeu, Alidoro assume le comique rôle du magicien en laissant espérer le prince trouver dans le château en ruine, parmi les filles du Baron, le grand amour qu’il convoitait de tout son cœur. Manigançant les intrigues jusqu’à l’heureux dénouement de son mariage, Alidoro arrange par la magie à Cendrillon, à Angélina orpheline de père et de mère, son accès au bal du prince dans la plus belle robe d’apparat. Un des deux bracelets donnés par Alidoro à Cendrillon devient le signe de reconnaissance par le prince à la recherche son grand amour dans la réalité affligeante, sa flamme rencontrée la première fois en servante devant la cheminée, alors qu’il a été déguisé en laquais dans l’inspection de la salle vétuste du château du baron Don Magnifico.
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À tous les points de vue, la mise en scène par Cesare Lievi de l’humoristique pastiche du conte de fée de Perrault par Rossini à l’opéra Métropolitaine de New York se distingue de son plaisant originalité. Le décor sobre des salles du château en ruine du baron et celui du palais du prince est de la même couleur d’un bleu clair, selon l’éclairage, tirant sur le mauve. Les costumes sont relativement simples dans l’ambiance princière, tout dépouillées des excès superflus des chamarrures, des fioritures… Le prince se distingue seulement par un cérémonieux frac, de l’écharpe du bleu de la distinction royale et en sautoir de la croix d’une haute décoration honorifique. Sous un astucieux jeu d’éclairage est mis en avant l’excellence de la prestation des chanteurs et chanteuses, leur art du mimétisme facial et gestuel en symbiose avec les textes de leurs chants et récitatifs, et l’accompagnement musical aux plus captivantes harmonies rythmées du chœur et de l’orchestre de l’Opéra Métropolitain sous la direction du chef d’orchestre Maurizio Benini.
Dans l’arrière-plan, sur un rythme d’une musique joyeuse, les deux damoiselles dégénérées par l’oisiveté dans le luxe, Clorinda et Tisbe exhibent par des simagrées leurs sottises mondaines avec une ostentation humoristique devant leur demi-sœur Angelina, avilie en docile servante Cendrillon. L’ingrate besogne esclavagiste de leur demi-sœur déniée Cendrillon, dégradée en simple roturière, est symbolisé en avant de la rampe par la rangée d’une collection d’élégantes bottines et chaussures.
Par la charmante dextérité du maniement du chiffon et de la brosse à reluire ces
chaussures, avec la récupération de son image suggestive pour me tirer indemne avec son consentement d’une affaire d’envergure internationale et d’intérêt humanitaire, entraînant des risques fatals pour elle et de toute sa famille, j’ai rendu mondialement célèbres ma sublime Muse inspiratrice Elina Garanča avec tous les participants de ses opéras, concerts et récitals. Mon bon étoile salvateur Elina Garanča est entrée dans l’histoire en Reine blanche sur « l’Échiquier du Diable » des plus redoutables belligérants de l’ombre. Un acte de bravoure unique dans les annales de l’opéra et du bel canto par lequel elle m’a sauvé avec ma science de l’étranglement visant la lente cadavérisation. L’en récompenser par l’attribution du Prix Nobel du Chant et de la Musique ne serait que la moindre des choses.
L’apparence de Cendrillon dans cette version d’opéra présentée au Met se diversifie avantageusement d’autres scénarisations. Ce n’est plus ce vilain canard en haillons, mais une ravissante soubrette au minois le plus mutin, coquine, naïve, aimable et probe, la longue chevelure blonde coiffée avec modestie. La mise d’une longue robe du brun chaste, la souple silhouette d’une beauté saisissante enserrée dans un bustier élégant, confère à ses sensuelles galbes l’innocent charme de la pureté juvénile. En comparaison avec ces deux hautaines demi-sœurs disgraciées de la vulgaire coquetterie, d’emblée, Cendrillon apparaît en Angelina, la future favorite du prince.
En contraste aux récitatifs des phrases hachées des bouffonneries hilarantes de ses deux demi-sœurs agitées, Cendrillon digne, d’une brise longue et caressante en notes liées chantonne avec aménité sa partition, composée par Rossini pour une contralto colorature. Une parfaite maîtrise et aisance des modulations du naturel de son caressante voix de poitrine de mezzo-soprano et de son délectable phrasé velouteux sur tout l’étendue de son large registre : la virtuosité coulante du grave de contralto jusque dans les hauteurs de la tessiture d’une soprano.
Par intermittence sur toute la longueur de la scène, en commençant au début dans le premier acte à côté de la cheminée, dans la main la brosse et le chiffon à reluire des chaussures, Cendrillon chantonne en italien avec nostalgie son l’ariette d’un charme pénétrant, rythmée et ponctuée par les notes pincées des cordes, « una volta c’era un re », se moque de ses deux tourmenteuses : ¬ Il était une fois, un roi, qui se lassait de rester seul ; à force de chercher, il finit par trouver. Mais il y en avait trois qui voudraient l’épouser. Que fait-il ? Dédaignant le faste et la beauté, Il jeta finalement son dévolu, sur l’innocence et la beauté…
Ce ravisant passage enfantin tiré du conte de fée de Perrault, a sans doute rappelé Elïna Garanča son heureuse jeunesse dans les champs, la récolte des betteraves ; sa maman inflexible à ses lamentations de ses petites mains gelées, fouillant dans la terre glacée de son pays natal : la Lettonie proche du cercle polaire arctique. Combien de fois, Elina Garanča en jeune fille laborieuse, rêvant de devenir une princesse Angelina, a-t-elle songée à la fable de Perrault de ses premières lectures, chantonnant un tel refrain à son premier auditoire reconnaissant : les chèvres et les vaches de la ferme de ses parents, comme elle se confie dans son autobiographie au titre d’un humour évocatoire : « Les chaussures sont vraiment importants, (Wirklich wichtig sind die Schuhe) ».
{La première neige était déjà tombée et je me suis assis avec mes parents sur le champ, a apporté les betteraves à sucre arrachés dure de la terre. D’abord il fallait extraire la rave avec une bêche et ensuite, avec un couteau, couper tête et feuilles. Naturellement, je gémissais : « Maman, il me fait beaucoup trop froid. Je veux rentrer à la maison ». Mais maman est restée dure : « Nous devons récolter, sinon notre travail a été pour rien ». Nous avons récolté six sacs de sucre dont chacun pesait 50 kilos, en somme pour 300 kilos de sucre. Le sucre a été à cette époque le cadeau parfait. Pour l’anniversaire, pour Noël ou après une première, mes parents donnaient un kilo de sucre. Et tout le monde a été aux anges…}.
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Dès la première scène, Cendrillon rêveuse à genou en astiquant les chaussures, provoquée, se lève, se moque devant la cheminée du manège des mondanités oiseuses de ses deux demi-sœurs, ces stupides pécores vaniteuses d’une étonnante agilité vocale pour débiter des sornettes. Contrariées du chant taquin de Cendrillon de leurs coquetteries niaises, comme des paons furibonds, elles l’invectivent en concert de leurs voix poussées aux éclats du suraigu : « Cendrillon, arrête un peu de chanter toujours la même chose !… Vas-tu te taire ou non !». Sursautent agacées, elles la tabassent pour la punir de son intarissable raillerie mutine : ¬ Il était une fois, un roi, Qui se lassait de rester seul…
Leur altercation désopilante est interrompue par l’entrée d’Alidoro, le sage conseiller du prince. L’espion s’est déguisé en haillons d’un mendiant à la recherche de la promise de son patron, constat la vétusté de la salle, témoignant de la situation compromise du baron Don Magnifico et de ses damoiselles gâtées. Furieusement jacasseuses d’insolence arrogante, les hautaines sœurs Clorinda et Tisbe, tentent de faire expulser cet malodorant importun par leur servante. Alidoro en conseiller-magicien a ainsi déjà arrêté le choix pour son prince, inspiré par le cordial accueil de Cendrillon compatissante, lui offrant du café et du pain. En la remerciant, il laisse entendre sous la cape à Cendrillon dubitative, la réalisation très prochaine de son rêve.
Subitement avec un bref quatuor, la salle est envahie en tous les sens du curieux chœur des gentilshommes de la cour royale en veston-cravate et chapeaux melon. L’altercation des trois sœurs se mue en stupéfaction, vire en exultation par l’annonce de l’organisation d’un bal au palais du roi.
Le choix d’une digne épouse est la condition légale pour que le prince héritier puisse monter sur le trône. Ces grandes idiotes prétentieuses Clorinda et Tisbe se préparant à jouer la grande scène au bal annoncé, s’extasient dans leurs fantasmes de l’irrésistibilité de leurs charmes, tourbillonnent euphorisées au rythme de la musique entrainante : le prince ne pourra que succomber à la sophistication de leurs artifices. À Cendrillon agitée aussi, l’espoir de la réalisation de son ardent désir s’est implanté dans ses pures idées par la perspective offerte de sa participation au bal de la sélection de l’épouse du prince charmant.
En personnage le plus pittoresque de l’opéra, d’une vélocité d’élocution extraordinaire d’impertinent phraseur, le baron Don Magnifico surgit alors en père courroucé dans cette confusion bruyante de ses chères damoiselles. En colère de l’interruption de son fantastique rêve, la révélation divine d’un brillant avenir par le sauvetage miraculeux de sa ruine due à son train de vie fastueux ; miracle lui rendant par les talents de ses filles l’éclat du luxe de l’aristocrate orgueilleux : céleste présage métaphorique de l’âne auquel poussaient des plumes se transformant en ailes, s’envole et se plante come sur un trône sur le point du clocher de l’église ; les cloches sonnaillaient comme pour annoncer un jour de gloire. Cela annonce, pérore à ses dignes damoiselle le baron Don Magnifico, son grimoire à la main, le retour du bonheur dans la maison ruinée : les ailes, c’est vous mes deux adorables filles ; l’âne volant à la gloire, c’est moi votre noble père qui attend par vos charmes une douzaine de petits enfants avec un petit roi en prime.
Entendant de la bouche de ses deux filles survoltées les intentions du prince, ce personnage burlesque se surexcite. Avec sa manière bouffonne de vocaliser les récitatifs, il s’agite avec des frénétiques gestes théâtraux jusqu’à flageller follement avec sa serviette ses filles hilarantes. Plein de lui-même, par son bagout grandiloquent et ses gesticulations populaciers, ce noble baron encourage ses deux chochottes maniérées de se mettre sans tarder en condition pour embobeliner ce prince.
Après cette annonciation au clan du baron Don Magnifico du bal au château royal pour le choix de l’épouse du prince, à son tour, le prince Don Ramiro passe à l’inspection de la demeure vétuste du Baron, dans l’espoir d’examiner de près ses filles à marier. Au désespoir d’être forcé de se lier sans amour pour se conformer à la loi, il s’est mis à la recherche d’une prodige âme sœur à marier, son miracle d’amour dans cette salle délabrée, prophétisé par son sage conseiller Alidoro.
Inquiète dans sa déambulation rêveuse en livret de laquais, le prince Don Ramiro surprend Cendrillon affairée de sa besogne de bonne. Interloquée de la présence inattendue, cet étrange intrus fait tomber de sa main le plateau avec le service à café. En se relevant tous les deux du sol du ramassage des objets, le Prince et la servante, les visages face à face, sont foudroyées de l’amour, entonnent un mélodieux dialogue vocalisé pleine de tendresse, des émouvantes mélodies, en solo alternatifs ou en duo ou à l’unisson. Des deux interprètes de grande classe, une vraiment brillante présentation virtuose, vibrant en échos d’amour.
Le charme est rompu par la dissonance criarde de Clorinda et Tisbe, ordonnant de leurs chambres à Cendrillon de les aider presto de leur toilette préparatoire pour le bal. Le prince dissimulé après son départ est troublé dans ses méditations du repoussant spectacle qui s’offrait ensuite à ses yeux dans cette salle aux murs lézardés et aux meubles délabrés. Le prince Don Ramiro en valet est tiré de ses réflexions par la brusque entré en scène de son grandiloquent Dandini, attifé de ses nobles vêtements et signes distinctifs. Sans complexe, le valet de chambre joue son numéro de cirque en impressionnant comédien des plus hilarantes cabotinages, prises pour monnaye contant par le Baron Don Magnifico et ses deux damoiselles éberluées du lumineux espoir ; mais aussi par l’innocent candeur de Cendrillon dans son désespoir de l’exclue.
Devant Don Ramiro en laquai et Dandini parodiant le prince, Cendrillon implore à genou le Baron Don Magnifico gonflé d’orgueil de la faire aussi participer au bal, rien pour une heure… une demi-heure… une quart-heure… Inflexible à tant de charme du perlée de la pureté enfantine de l’innocente supplication, le brut l’injurie, la menace des coups avec l’allure du maquignon affairé à se rendre à la foire pour valoriser au plus pressé aux dupes son bétail infecté, d’une gymnastique vocale à réduire au silence le plus coriace des incrédules.
Le conseiller salvateur Alidoro, en grand clerc sentencieux du palais royal, se ramène en pontifiant d’une résonnance autoritaire, claquant le registre de naissance sur la table. Il y a bien trois filles dans votre palais, rappelle-t-il le baron subitement décontenancée devant le prince et son valet. C’est de moi qu’on parle, c’est bien moi la troisième, se hasarde d’affirmer timidement Cendrillon. C’est la première fois qu’une telle brute sur une scène d’opéra me fait éclater de rire par son comique quand il malmène ma fée adorée Elina Garanča, la bouscule en Cendrillon pour la faire taire, la pousse dans un coin pour l’étranger avec le geste d’égorgeur, la dénigrant aux visiteurs en servante de basse condition : une fille méprisable de la pire des racailles.
L’odieux poseur, après avoir versé d’une hypocrisie hilarante des chaudes larmes sur la mort prétendue de sa troisième fille, devant le doute de ses distingués visiteurs embarrassés, lorsque la noble compagnie quitte sa salle, le baron Don Magnifico déchire avec rage le registre de naissance. Cendrillon ramasse sur le sol les bouts de papier éparpillés, affligée du désespoir.
Lorsque Cendrillon ainsi abattue par le sombre avenir de végéter en esclave jusqu’à la fin de sa vie dans les cendres, le conseiller Alidoro réapparaît déguisé en mendiant. D’un ample geste théâtral, en ôtant son déguisement, il se dévoile en secourable mage, élégamment vêtu en costume blanc, des vibrants ailes d’ange sur le dos. Leur déploiement des mimiques théâtrales devant la candide Cendrillon ahurie, renversée de surprise en arrière sur la chaise, fait esclaffer de rire l’auditoire. Encore plus fort avec sa justification par la citation de Shakespeare : « Le monde est un grand théâtre et nous sommes tous des comédiens ».
Par magie, Alidoro fait descendre de l’au-delà par un câble un carrosse matérialisé par une sorte de cabine d’ascenseur céleste. À Cendrillon incrédule, il met aux poignets deux précieux bracelets de brillants, l’encourage de rentrer dans la cabine et se revêtir sans complexe de la magnifique robe suspendue ; la fait transplanter au palais royal au milieu des festivités avec l’exigence de ne pas se faire connaître.
Au salon du palais du prince Don Ramiro, la mascarade du facétieux Dandini se poursuit par des flatteries à l’outrance au baron Don Magnifico aveuglé, entiché du rang de sa haute condition nobiliaire. Se voyant confié la cave de vin du palais royal, il assure ses sottes damoiselles de la partie gagnée : ‑ mes filles vous voyez, il ne résiste pas à vos appas, ma promotion en est le signe certain.
Alors que les malins se sont débarrassés de la présence gênante baron Don Magnifico par son envoie dans la cave à vin, en aparté le prince Don Ramiro charge son valet Dandini de sonder et d’observer les deux damoiselles sur leur moralité. Déjà bien apprécié avant de s’exécuter, il s’en moque de son phrasé dédaigneux : ‑ leur cœur est un melon en tranches, et leur cervelle vide.
Jalouse l’une de l’autre, en plus intrépides minaudières offrent à Dandini pris pour le prince le spectacle de la lutte des paons boursoufflés de suffisance, furies extravagantes qui s’amochent pour éclipser l’une de l’autre des faveurs du prince. Leurs simagrées vulgaires et gestes de l’obscène populacier à en faire rire même un buffle, mettent en fuit le pauvre Dandini excédé, poursuivie par ses tourmenteuses, anxieuses sur son choix.
Durant la mise à l’épreuve de ses deux filles, le baron Don Magnifico soulé dans la cave parmi ses valets, s’attribue les titres aristocratiques les plus ronflants, décrète, par affichage massif dans toutes les villes du royaume, l’interdiction durant quinze ans d’ajouter de l’eau au vin sous peine d’étranglement. Les fêtards en chœur : ‑ allons surveiller les préparatifs du dîner, le vin coulera à flot… Quelques joyeux fans dans le public les applaudirent avec enthousiasme.
Seule sur la scène en cachette, à voix basse, le prince Ramiro se renseigne chez son valet sur la moralité des deux fameuses damoiselles aux vertus prônées à ses épousailles par le fier baron Don Magnifico. Le conseiller Alidoro ne lui a-t-il pas assuré qu’une de ses filles le comblera de bonheur ? « Épouse qui voudra » ! Troublé, le prince ordonne à son laquai jovial Dandini de pousser encore plus en avant le petit jeu des malices. Les deux minaudières survoltées accourent avec leur discours fougueux des enjôleuses éhontées, se dépensent en œillades accrocheuses, bisous et flatteries des racoleuses de cabarets.
« Trêve de plaisanterie ! », interrompe Dandini, maté de leur épuisant manège d’aguicheuses. « Il m’est impossible d’épouser deux sœurs ! ». Narquoisement, en bon prince, le farceur propose son valet en époux de la deuxième sœur. Le prince Ramiro déguisé en valet, les amadoue, cherche embobeliner ces poupées de luxe excentriques avec ses plus sirupeuses câlineries vocalisées à sa tessiture du ténor séducteur : ‑ Je serais docile, affectueux, le cœur débordant de tendresse.
Sursautant, les deux mijaurées en unisson, outrées des inadmissibles audaces d’un simple laquais : ‑ à une âme plébéienne ! cette seule pensée me fait souffrir affreusement. Le Prince Ramiro a retenu la leçon pour leur retourner le compliment.
Annoncé par le chœur des gentilshommes, le conseiller Alidoro, mystérieux, informe la cour de l’arrivé d’une belle dame inconnue, le visage voilé. Une des plus belles scènes de l’opéra exhibe les splendeurs de la beauté de la représentation éblouissante Elina Garanča en Cendrillon ressuscitée : Angelina au bel visage d’un éclat pur, dans ce magnifique décor bleu, les résonnances de son extraordinaire lyrisme poignant l’âme avec des variations des tonalités perlées et rythmées sur toute la largeur de son extraordinaire registre d’une souplesse qui tient du prodige.
La majestueuse entrée solennelle, dans la robe de bal au bleu claire, son angélique visage dissimulé du voile, Elina Garanča offre aux yeux une des plus belles de ses images, ajoutant encore un charme irrésistible à la touchante mélodie de sa présentation anonyme à la cour : – Je dédaigne les dons que dispense la fortune capricieuse ; que celui qui me veut pour épouse, m’offre respect, amour et beauté.
En se dévoilent sous les exclamations de surprise des participants, tous étaient époustouflés par tant de grâce. La ressemblance à Cendrillon intrigue les deux demi-sœurs et le baron Don Magnifico surgissant de la cuisine, gesticulant des spaghettis colorés de la main : ‑ Altesse, le diner est servi…, et choqué, il s’effondre dans les bras de ses deux damoiselles sidérées devant l’aspect rayonnant de la belle inconnue.
Au deuxième acte, le baron Don Magnifico a l’impression que le chœur des gentilshommes se moquait de lui par le psaume à l’éloge de cette belle inconnue, chantant que son apparition inattendue fut « pire que la foudre pour certaines beautés ». En colère furibond, le baron songe à les massacrer dans un « gentilhomicide ».
Ses deux nobles mijaurées obnubilées, Clorinda et Tisbe, jalouse comme des paons des couleurs de leurs plumes, s’imaginent imperturbablement d’avoir amadoué le prince Ramiro par l’irrésistibilité de leurs appâts charnels dégommant même ceux de la déesse Vénus de l’amour de de beauté. Prises des lubies, les mijaurées rassurent leur père tenaillé de l’appréhension du dévoilement au public de son déshonorant secret : la dilapidation de la dote de Cendrillon ; son endettement jusqu’au cou pour faire vivre ses deux rejetons demeurés dans le luxe opulent.
Ses damoiselles imbues de la force séductrice de leur beauté, rassurent leur papa avec leurs simagrées et boniments hilarants d’aguicheuses dévergondées. D’un sursaut d’énergie dans le plus comique optimisme tonitruant de la mégalomanie, le Baron Don Magnifico se remet à fantasmer au plus beaux. Avec une de ses jeunes merveilles en épouse du prince, en habile combinard des frimes, il serait ‑ en réaliste dans le vent ‑, en mesure de sauver haute la main sa situation à travers sa fidèle fille avec les pots-de-vin offerts des nombreux solliciteurs tordus, en échange de son trafic d’influence auprès de la cour royale.
Dans le salon du palais, Cendrillon dans sa splendide robe bleu d’apparat, repousse avec tact la proposition de mariage de Dandini éprise d’elle dans son numéro de prince. Cendrillon lui confesse son amour pour son valet. Déguisé en valet, le vrai prince Don Ramiro s’avance et, à son tour, demande de l’épouser d’une déclaration d’amour enflammée. Cendrillon lui avoue avec tendresse son amour, mais inquiète, ne lui promette le mariage que s’il la reconnaîtra dans sa condition véritable : ‑ Si je ne te déplais pas… Alors je serai à toi ».
Suggéré des gestes discrets du conseiller Alidoro, Cendrillon, pour la faire reconnaître, remet le bracelet du poignet gauche au méconnu prince Don Ramiro déguisé en valet : ‑ Tiens, pars à ma recherche… Et à mon bras droit tu trouveras son compagnon…
Seule dans la salle, le valet Dandini défroqué des habits du prince se lamente de son sort lorsque le baron Don Magnifico, agité, entre d’un air pressé, poussant le faux prince de hâter le mariage. Ses deux mijaurées aux cerveaux fêlés ne tenaient plus à leur place ; insiste qu’il lui fasse connaître enfin son choix. En prince tergiversant Dandini fait le mystérieux sur le secret d’importance de son choix de l’élue.
Profitant encore de son prestige de prince, pour se gausser de la stupidité du baron Don Magnifico, il lui demande sur quel pied il devrait entretenir sa damoiselle, une fois mariée. « Me voilà votre conseiller » ! exulte le baron. Ce vieux piqué réponde avec ostentation par son exigence démesurée de l’entretien par les fastes d’une cour princière du plus somptueux.
« Ce n’est qu’une mascarade », l’éclaire enfin Dandini en s’en gaussant : en valet de chambre du Prince, je retourne à mon métier, je ne peux pas offrir à vos nobles damoiselles un tel luxe. Le farceur s’apprête en riant coiffer le baron Don Magnifico, raser sa barbe. Offensé, il se ressaisit, provoque Dandini en duel.
Dans la salle vétuste aux meubles délabrés du baron, Cendrillon s’est remise dans humble tenu de servante, chantonne devant la chemine son air favori : ‑ Il était une fois un roi qui se lassa d’être seul…, puis se reprend dans le ravisant récitatif, s’avoue la préférence pour « son écuyer au visage franc et sincère ». Surviennent alors ses deux demi-sœurs survoltées de la ressemblance de Cendrillon avec la mystérieuse belle dame, « la sorcière qui lui ressemble » pour séduire au bal avec effronterie sous leurs nez le prince.
À point par l’incantation, le conseiller Alidoro fait éclater une bourrasque en dehors. Le prince Don Ramiro et Dandini son valet, dans leurs identités réelles, sont contraint de se réfugier dans le château en ruine de baron Don Magnifico en attendant de l’arrivé d’un autre carrosse. Dare-dare, Il appelle ses deux damoiselles dégénérées, imperturbable dans l’illusion qu’une d’elles sera forcément l’élue de ce Prince, naguère insulté copieusement et repoussé dans son livet de laquais. Abruptement, le baron commande à Cendrillon d’apporter vite au prince la meilleure des chaises. Par ses humbles gestes affolés dans la confusion, le prince Don Ramiro reconnaît au poignet gauche de Cendrillon le bracelet identique à celui donné par la belle inconnue au bal, découvre son grand amour, déclare son choix de la prendre pour épouse.
Hargneuses, Clorinda, Tisbe avec le Baron Don Magnifico, sous un flot d’injures, cherchent d’expulser avec rudesse Cendrillon de la salle. Le Prince Don Ramiro s’interposé avec détermination dans l’altercation, menace de la disgrâce les agités du clan des nobles. Dans une courte pièce vocale d’un irrésistible charme, agenouillée devant son prince, Cendrillon le supplie de leur pardonner s’il éprouve quelque amour pour elle. L’humble de sa supplication n’amplifie que la rage folle de Clorinda, Tisbe et Magnifico, prennent pour une mauvaise plaisanterie ce choix en épouse de leur vile servante Cendrillon. « Créatures infâmes et insensés, je vous ferai trembler », abrège le prince courroucé de leur hautaine révolte des aristocrates s’estimant profanés.
Devant la menace de leur déchéance des titres nobiliaires, la famille des risibles pantins se résigne au triste sort avec des mines déconfites, bien réjouissantes à voir. Cendrillon, d’une délicate gentillesse leur rend son tablier de servante et est conduit dans le palais royal : ‑ Viens, viens ; le dieu Amour te conduit au trône et à la gloire, l’encourage le prince Ramiro et son valet Dandini.
Dans l’air rigolo de la galante chattemite, Clorinda dédaigneuse, se console assez vite de sa désillusion de monter sur le trône en épouse du prince : ‑ Je suis encore assez jeune et je rencontrai peut-être un autre pigeon. Je veux le plumer en un rien de temps…
L’acte final dans la salle du palais aux sobres coloris bleu du décor, la cérémonie du mariage se déroule devant un immense gâteau blanc, décoré des guirlandes. Au sommet chante le couple des heureux mariés leurs merveilleux hymnes d’amour. D’une beauté lumineuse, humble, intimidée par sa nouvelle condition, à Cendrillon en voile et en magnifique robe blanche de mariage, est rendu la noblesse d’Angélina, entouré du chœur des gentilshommes, du facétieux valet de chambre Dandini et du sage conseiller Alidoro aux anges de la réussite de son manège d’entremetteur.
Angélina donne libre cours à ses émotions dans la magnifique ligne mélodique : ‑ Je suis née dans le malheur et les larmes, mon cœur a souffert en silence ; mais par un doux enchantement, dans la fleur de mon âge, je vu changer mon destin avec la rapidité d’éclair. Encore une autre merveilleuse présentation de la virtuosité de sa captivante voix d’un extraordinaire lyrisme, en solo et en duo avec le ténor à la tessiture bien assorti de son bel expressionisme vocal.
Apparaît le baron Don Magnifico, l’échine courbaturé par l’humiliante menace, se prosterne aux pieds de l’altesse avec ses deux damoiselles inquiètes d’une disgrâce vengeresse. Mais en descendant du gâteau à leur rencontre pour la réconciliation, dans son chant affectif d’une exquise sensibilité, Angélina demande au Baron Don Magnifico de sécher ses larmes, cesser de trembler, serre avec noblesse sur son cœur ses anciens tourmenteurs pardonnés : ‑ Vous trouverez en moi tout à la fois, une fille, une sœur, une amie, et embrasse chaleureusement ses demi-sœurs ravies. Ensuite Angélina remonte gracieusement sur le gâteau, rejoint son prince dans allégresse générale.
13/10/2017. Peter, son ‘Cavalier de Prose’, amusé et ébloui de tous les magnifiques figures et mouvements de l’extraordinaire lyrisme de son adorable Fée salvatrice Elina Garanča.
Vendredi 13 octobre 2017. D’abord j’ai demandé à des membres de la Nobelprize.org de proposer mon associée salvatrice, la merveilleuse cantatrice lettonne Elina Garanča, pour le Prix Nobel de la Paix. Réflexions faites, je pense qu’il sera bien plus judicieux de la proposer pour le Prix Nobel du Chant et de la Musique et proposer pour le Prix Nobel de la Paix l’ancien président de la République François Hollande pour avoir organisé dans l’état d’urgence son sauvetage de l’assassinat dans la tentative du massacre au superlatif à l’opéra nationale de Paris au début 2016. Dans la guerre judiciaire et psychologique se déroulant sur la plan mondial, la merveilleuse cantatrice Elina Garanča, par notre association, pèse plus lourd dans la balance que toute l’armée française.
Peter DIETRICH. Diplôme des Études approfondies de Droit privé de l’Université Sorbonne-Panthéon de Paris. Certificat des Études universitaires des Sciences pénales et de Criminologie. Adjudant honoraire du Service de Santé des Armées. I.D.E. Médaille militaire, Croix de Valeur militaire, Croix de combattant.
Commentaires fermés sur Prima donna Elina Garanča, hissée au Zénith de la gloire des étoiles du bel canto dans la Métropolitain Opéra de New York avec l’opéra LA CENERENTOLA de Gioacchino Rossini