Le couple prodigieux : Maestro Karel Mark Chichon dirige sa Diva Elina Garanča dans l’aria « Io son l’umile ancella » (je suis l’humble servante), de l’Opéra en quatre actes ‘Adrienne Lecouvreur’ de Francesco Cilea.
Maestro Karel Mark Chichon dirige sa Diva Elina Garanča dans l’aria « Io son l’umile ancella » (je suis l’humble servante), de l’Opéra en quatre actes ‘Adrienne Lecouvreur’ de Francesco Cilea. Konzert Klassik unter Sternen, Göttweig, Autriche. L’Avant-Scène Opéra www.asopera.fr.

Ce thème de l’aria du concert dirigé par le maestro Karel Marc Chichon est vraiment bien choisi, car cet ingénieux époux britannique de Gibraltar combine au talent hors commun de l’actrice tragédienne française Adrienne Lecouvreur (1692-1730), le contemporain talent hors commun de son épouse, de la sublime mezzo-soprano Elina Garanča, en y ajoutant tout naturellement le sien. Ce grand magicien de la polyphonie orchestrale et vocale fait chanter dans les aigus à la soprano, sa magnifique perle blonde Elïna Garanča, découverte à l’opéra national de Riga, en lointaine Lettonie, pour valoriser son large, souple et captivant tessiture mezzo-soprano. L’impact expressif ondulatoire sur toute l’étendue de sa tessiture d’un charme captivant dans l’aria, dénote une parfaite virtuosité dans la lente vocalise poétique par des notes ondulées sur une seule syllabe, des extraordinaires nuances appuyées sur les syllabes, des variations rapides d’une tonalité, d’une couleur à l’autre.
Sa jolie silhouette moulée avec élégance dans sa belle robe rouge décolletée, son visage clair au dessin harmonique d’une beauté nordique éclatante avec sa chevelure dorée, ses yeux du bleu saphir captivante, l’aménité la plus exquise de ses manières, de sa mimique figurée, s’accordent à merveille à la représentation sur la scène lyrique d’une des plus grandes figures historiques de la Comédie Française.

Adrienne Lecouvreur a été une des plus célèbres actrices tragédienne de la Comédie française. Lors d’une représentation théâtrale, un amour passionné se noue entre elle et le Comte de Saxe Maurizio (Maurice), un séducteur et vaillant soldat du roi Louis XV, futur maréchal de France. À son départ, Adrienne Lecouvreur lui assure de ne jouer que pour lui, vend ses bijoux pour le secourir de l’humiliante ruine financière. Pour fleurir sa boutonnière, elle lui donne des violettes. (Les fleurs Violettes s’appellent en allemand « Vergissmeinnicht », traduit « Ne-m’oublie-pas »).
La princesse de Bouillon, sa rivale de la grande noblesse, est une autre conquête du Comte pour profiter de son influence auprès de la Cour royale. La princesse aussi est passionnément amoureuse et jalouse du Comte Mauricio. Lors d’une réception, elle remarque ces violettes, ravie demande au menteur éhonté si ces fleurs sont bien pour elle. Dans un rendez-vous dramatique organisé chez elle, la princesse de Bouillon reconnaît par la voix sa rivale, l’actrice du plus grand renommé Adrienne Lecouvreur.
Dans l’acte final de l’opéra, à la fête de son anniversaire au théâtre, Adrienne Lecouvreur reçoit un panier dans lequel se trouvent fanées et flétries les violettes qu’elle avait données au Comte Maurizio. Au désespoir, les prenant pour le signe de la rupture de leur liaison amoureuse, elle pleure, embarrasse ces fleurs. Maurizio arrive pour lui offrir sa main en reconnaissance de ses sacrifices faites pour le sortir de l’opprobre de l’impasse financier. Affichant avec effusion la sincérité de son amour, il la console avec la plus grande tendresse, la rassure que ces fleurs ne proviennent pas de lui. Trop tard. Adrienne Lecouvreur s’évanouit et meurt dans ses bras. Par vengeance, la princesse de Bouillon, avec ces fleurs, avait empoisonné sa rivale de la roture intruse.
Avec le bref prélude de l’orchestre, dans ce chant, chaque figure est annoncée par des notes pincées de la harpe, des violons, hautbois et cors. Le raffinement orchestral avantage la primauté de l’intensité sonore à la voix de la cantatrice pour bien mettre en relief le brio de son extraordinaire virtuosité et sa tessiture aux ultimes perfectionnements de la diction mélodique, rapide et syllabique du chant poétique.
Déployant une gamme extraordinaire d’un phrasé de finesse et précision, des nuances d’une syllabe à l’autre, ondulant sur toute la fluide gamme de sa tessiture, Adrienne répond ses adorateurs, attaque l’air (en italien) avec la tessiture élevée, douce et d’une caressante féminité : « – Vous voyez », descendant aux graves lentes et ondulantes, « – je respire à peine ». (Avec simplicité), d’une grande agilité vocale, la ligne mélodique sinueuse montée aux aigus extrêmes, est ponctuée par des notes délicatement pincées de la harpe, « – du Génie créateur » ; redescende à la médiane en alternant les mouvements ascendants et descendant, « – il m’offre les paroles » ; la mélodie envole ondulant aux aigus avec une admirable emphase, « – je les transmets aux cœurs ».
Après une brève rupture remplie de notes liées des cors anglais et cordes, Adrienne reprend, « – de la poésie, je suis la voix ; le chant s’élève note par note, parfaitement timbré aux hautes, « – l’écho du drame humain », jusqu’aux aigus variants, au lento, « – obéissant à la main », terminant la phrase par des sons lents des cors, suivis des tendres notes pinces de la harpe.
La ligne vocale syllabique soutenue s’envole par paliers vers l’aigu, Adrienne accentue la voix ondulante, « – douce, joyeuse », infléchissant la ligne vers les médians ondulées aux aiguës, « – cruelle », puis, « ‑ je m’appelle Fidélité », en vibrantes notes ondulées prolongées. Comme un signe prémonitoire exprimé d’un charme et facilité si délicieuse, au ton tragique ondulant sur ses timbres graves et veloutés, « ‑ Ma voix n’est qu’un souffle ».
Ce passage lent aux intonations d’une douceur tragique, les inflexions vocales redeviennent soudain graves, « – qui mourra au nouveau matin » ; variant aux plus aiguës du fond de sa gorge au mouvement ondulant lento dans les moyens, et, envole en fortissimos tenus d’une voix puisement projetée, « – mourra » : verbe expressif annonciateur de la tragédie, appuyé avec une splendide assurance vocale au plus forte de la sonorité aiguë, la note tenue à l’extrême de son délicieux souffle ; lentement les notes s’évanouissent pour finaliser la mélodie par les belles sonorités expressives des cordes.
Une merveilleuse orchestration arrangée pour mettre en valeur la magnifique technique vocale de la plus haute perfection dans un chant sur le registre de la poésie, pour monter au sommet de sa beauté, élever au sublime la merveilleuse voix de Elina Garanča. Bravo maestro Chichon.
Peter, le ‘Cavalier de Prose’ de Elina Garanča, émerveillé de l’inoubliable poésie vocale de sa sublime Reine du Bel Canto.

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