Sous la direction de Karel Mark Chichon, ma sublime Fée Elina Garanča dans l’aria de l’Eboli « Ô don fatale et détesté ». Opéra Don Carlos de Guiseppe Verdi.
Ma sublime Fée Elina Garanča dans l’aria de l’Eboli « Ô don fatale et détesté » de l’acte IV d’opéra Don Carlos de Guiseppe Verdi. Direction Karel Mark Chichon. Concert « Klassik unter den Sternen ». Göttingen. Autriche.
Dans son nouvel album « Revive Elina Garanča », l’ingénieux maestro Roberto Abbado, par l’enregistrement studio d’un choix astucieux des chants, a bien réussi de mettre en relief ses exquises qualités vocales, poussant l’exceptionnel talent lyrique de la diva Elina Garanča au sommet de sa beauté vocale avec le soutien harmonique des plus talentueux instrumentalistes des orchestres de grande renommée. Www.asopera.fr.

C’est que ma Fée lettonne adorée Elina Garanča, une séduisante diva de beauté fascinante, brille aussi par son remarquable talent d’actrice de la dramaturgie musicale. Cette beauté féerique est si attrayante que je préfère pour l’instant au magnifique enregistrement studio d’Eboli, l’enregistrement vidéo de l’aria d’Eboli « Ô don fatale et détesté » de l’acte IVdu long et complexe opéra de Guiseppe Verdi. Dans le concert en plein air, dirigé par le maestro Karel Mark Chichon, avec la verve de son subtil génie britannique d’une élégance stylisée, lors du fameux concert « Klassik unter den Sternen », le lieu de leur pèlerinage annuel à Göttingen en Basse Autriche, en époux comblé de Elina Garanča est bien placé pour valoriser au mieux son incomparable talent de virtuose du bel canto.
Maîtresse du Roi et dame de compagnie de la Reine, la princesse Eboli est pris d’un fol amour de l’héritier du trône d’Espagne Don Carlos ; mais lui est éperdument amoureux de la Reine, son ancienne fiancée. Pour mettre fin à la guerre entre l’Espagne et la France en 1559, la princesse française Élisabeth de Valois lui a été destinée, mais son père, le roi Philippe II, a préféré de marier lui-même cette jeune et éclatante beauté.
Pour éliminer sa rivale, la Reine Élisabeth, par une machination diabolique, la jalouse Eboli a contribué de livrer son amour impossible Don Carlos à la condamnation à mort par la cruauté insensée de l’Inquisition contre les hérétiques de la Flandre protestante dont il enviait la régence.
Bannie de la cour par la reine bafouée, Eboli prise de remords, conscient des tragiques effets de sa jalousie, déplore son triste sort dans cet air, les effets désastreux de sa beauté sur elle-même et sur sa compagnie chérie. Dans l’aria magnifiquement composée, chargée d’émotions douloureuses d’Eboli déchirée des regrets, le brio lyrique de Elina Garanča rend bien vivant, avec des prodigieuses variations tonales, le tragique de son état d’esprit bouleversé par la cruauté du destin suscitée des néfastes effets de sa grande beauté.
Elïna Garanča est sublime dans la représentation d’Eboli, plus séduisante que jamais avec sa mèche blonde flottant sur son délicat front dans la brise du soir, vêtu dans le costume traditionnel des campagnes des femmes de la Basse Autriche. Son chaste décolleté laisse apparaître, avec la maîtrise absolue de sa respiration, l’impressionnant jeu de sa délicate musculature parfaitement synchronisée de la gorge, des faciès et des lèvres pour la modulation et l’articulation des sonorités avec virtuosité, en harmonie des gestes expressifs en accord avec les paroles du prenant tragique de l’air de la traitreuse Eboli repentante, avant de se faire mortifier dans le couvent sous la voile.
Divisé en trois motifs dramatiques contrastés, ce sublime air d’Eboli alterne ses vagues émotionnelles modulées et articulées avec virtuosités du désarroi de l’amertume de son immoralité, de la repentance aux accents tendres envers la Reine, sa victime, terminant avec un brusque sursaut de la volonté passionnée dans son dernier jour au sauvetage de son amour Don Carlos : trois splendides motifs dramatiques vocalisés d’une émouvante vivacité par les inflexions de la voix d’une merveilleuse souplesse sur son vaste registre mezzo-soprano, de variations de l’intensité des tonalités, du tempo, du rythme de la divine vitrosité de Elina Garanča.
Un bref prélude explosif scandé des dissonances, ponctué des percussions de l’orchestre donne le ton de l’orage dans le for d’Eboli, des agitations morales dans ses derniers moments de la liberté, déchue par la malédiction de sa beauté dévastatrice.
Descendant aux plus graves timbres scandés de son registre aux expressions dramatiques appuyées, – ponctuées par des courts éclats secs des trompettes et trombones —, Elina entonne, forte, de sa souple tessiture veloutée aux sonorités endurcies, mime avec virtuosité l’influence du bouleversement d’Eboli sur l’intonation en martelant les notes de ses amers reproches à soi-même : « ô don fatal et détesté, Présent le ciel en sa colère ! Ô toi qui rendes une femme si fière, je te maudis ô ma beauté… Tombez, tombez, larmes amères ! Mes trahisons et mes fortraits, mes souillures et mes misères, vous ne les laverez jamais ! » Poussés aux aigus ondulants avec le fluide glissement vocal d’une hauteur de note à l’autre et finalisant le passage en vocalise diminuante d’une splendide précision de l’élocution phrasée : « Je te maudis, ô ma beauté ! » (En italien dans cette version).
Espacées, les notes pincées, enchaînées des mélodieuses lignes frottées des contrebasses, marquent la transition de l’état émotionnel par la variation du tempo et du mouvement lente du motif vers la vocalise de la tragédie pathétique des notes merveilleusement liées en variations ondulantes du plus grave aux plus aiguë du registre de la voix pleine et souple de Elina, imprègne une poignante douceur à la cantilène d’Eboli attristée, de ses adieux saisissants à sa Reine aimée Élisabeth, doublement trahie. « Adieu, Reine victime pure de mes déloyales et folles amours ! Dans un couvent et sous la bure, je m’ensevelis pour toujours ! »
Au motif final de la tragédie, du tempo et rythme varié de l’accéléré à la lenteur, la volonté d’Eboli reprend le dessus de l’abattement, les flammes de son tempérament, sa passion folle pour Don Carlos : « Et Carlos ? Oui ! Demain peut-être, il tombera sous le fer sacré ! Ah! un jour me reste ! »
Par des exclamations appuyées d’un élan d’espoir d’une divine vitalité, « Je le sauverai », des répétitions de la ligne mélodique, « Béni ce jour ! » et, en exclamations finales poussées au plus forte de sa tessiture aiguë parfaitement flexible : « Je le sauverais ! », est une poignante vocalise phrasée d’une magnificence harmonique ; la tension expressive maximalisée par le roulement des percussions et sonorités polyphoniques appuyées et énergiques des cordes et bois et cuivres d’un art de direction orchestrale porté aux extrêmes de la perfection. Bravo maestro Chichon !
Par sa dernière action, l’héroïque Eboli soulève le peuple, tente de faire fuir de la prison son grand amour Don Carlo, le sauver des cruels supplices de l’inquisition.
Peter, le Cavalier de Prose ‘, enchanté de la beauté physique, morale et vocale, de l’éminent talent de sa gracieuse reine salvatrice Elina Garanča, sa divine Muse inspiratrice dans le combat meurtrier sur « Échiquier du Diable ».
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